Le christianisme d’Abraha et le Coran

Emilio Platti

Université de Louvain-la-neuve

icon-calendar Mercredi 17 février 2016 à 17h00

20160217_Seminaire_Emilio_PlattiLe frère Emilio Platti, membre de l’Idéo, nous a présenté les travaux de Christian Robin sur les inscriptions qui se trouvent en Arabie et qui remontent au début du IVᵉ siècle. Par ses travaux, Robin apporte des éléments de réponse archéologiques à une question que se posent les islamologues : comment les auditeurs du Prophète pouvaient-ils comprendre quoi que ce soit aux très nombreuses allusions bibliques que contient le Coran ? La vision traditionnelle tend en effet à présenter les Arabes comme des païens polythéistes n’ayant aucune culture biblique.

Lorsque le général éthiopien Abraha prend le pouvoir en Arabie du Sud entre 525 et 530, renversant le vice-roi éthiopien chrétien qui avait été installé par le roi éthiopien venu venger le massacre des chrétiens de Najran en novembre 523, il part à la conquête de l’Arabie, imposant une nouvelle forme de christianisme. Ce faisant, Abraha répète les conquêtes des rois himyarites judaïsants du début du IVᵉ siècle.

C’est exactement pendant l’ère d’Abraha que l’on observe un changement dans les inscriptions arabes de la Péninsule, qui passent d’une formule trinitaire (« Au nom de Raḥmān, de son Fils Christos et du Saint-Esprit ») à des formules plus compatibles avec le futur message coranique et qui évoquent « la miséricorde de Raḥmān, de son Messie et de l’Esprit de sainteté ».

Ce christianisme probablement judaïsant d’Abraha pourrait constituer un chaînon manquant entre le judéo-christianisme palestinien des premiers siècles et l’islam, dans une terre qui est pétrie d’influences juives et chrétiennes depuis trois siècles, lorsque le Prophète Muḥammad commence sa mission à la Mecque en 610.

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