Notre histoire

Les années 30

Fondé au XIIIe siècle dans la région méridionale de la France, l’Ordre des prêcheurs, autrement dit Dominicains, a très tôt exprimé un vif intérêt pour le Moyen-Orient. Les frères ont fondé des couvents dans des villes clés telles que Constantinople, Tunis, Bagdad et Mossoul. Les théologiens de l’Ordre ont très tôt reconnus l’attribution de leurs connaissance d’Aristote à l’érudition des philosophes arabes tels Averroès et Avicenne.

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À l’époque moderne, la présence de l’Ordre des Prêcheurs en Égypte remonte à 1928, lorsque le Père Antonin Jaussen (1871-1962) a acquis le terrain sur lequel se trouve actuellement le couvent dans le quartier d’Abbassiah et dont la première pierre remonte à 1931. Il avait alors l’intention d’en faire une maison filiale de la prestigieuse École Biblique de Jérusalem, dédiée à l’exploration de l’archéologie égyptienne dans le contexte des études bibliques.

La création officielle de l’Institut dominicain d’études orientales a eu lieu le 7 mars 1953. Cependant, l’idée de créer un institut de recherche axé sur le monde arabo-musulman pour favoriser une meilleure compréhension entre chrétiens et musulmans lui est antérieure de plusieurs années. À la demande du Cardinal Tisserant, alors Secrétaire de la Congrégation pour les Églises orientales, le Saint-Siège a convoqué en 1937 les frères en vue de réunir un groupe d’experts dédiés à l’étude scientifique de l’islam et des fondements de la civilisation arabo-musulmane.

Le couvent du Caire, est apparu comme le lieu le plus approprié pour accueillir et réaliser cette entreprise. L’Égypte, avec son influence culturelle indéniable et son prestige dans le monde arabe et musulman, en particulier en raison de la présence de l’Université Al-Azhar, constitue en effet le centre intellectuel et culturel du monde sunnite musulman mais aussi de son renouveau depuis la fin du XIXe siècle.

L’installation officielle des frères chargés du projet au couvent d’Abbassiah n’a eu lieu qu’en 1945, mais c’est en 1953 que l’Idéo est officiellement fondé. L’équipe chargée de fonder l’Institut était composée de trois jeunes frères : Georges Chehata Anawati, Jacques Jomier et Serge de Beaurecueil.

Les pères fondateurs

Les membres fondateurs, qui ont su allier une rigueur scientifique exceptionnelle à un sens profond de l’humanité, continuent de servir de référence aux chercheurs de l’Idéo.

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Né à Alexandrie en 1905, le Père Georges Chehata Anawati a intégré l’ordre des Dominicains en 1934. Pharmacien de formation, il est devenu un expert mondialement reconnu en philosophie arabe médiévale, domaine d’études essentiel pour comprendre le passage de l’héritage grec à la pensée médiévale. Ses contributions à la compréhension de figures telles qu’Avicenne et Averroès ont été inestimables, et son Introduction à la théologie musulmane avec Louis Gardet ainsi que sa traduction du Shifāʾ d’Avicenne constituent encore aujourd’hui des œuvres de référence. Tout au long de sa vie, Georges Anawati s’est dévoué à promouvoir les liens entre le monde chrétien et musulman. Il a joué un rôle crucial dans les avancées réalisées par le Concile Vatican II dans l’appréhension de l’islam en vue d’établir un dialogue théologique. Il s’est éteint en 1994, le jour de la Saint-Thomas d’Aquin, laissant derrière lui un héritage pour les membres de l’Idéo qui aspirent à associer à l’expertise en islamologie, en engagement d’amitié dans le monde musulman (Pour plus de détails, veuillez vous référer au livre de Jean-Jacques Pérennès Georges Anawati (1905-1994), un chrétien égyptien face au mystère de lislam, Paris, Ed. du Cerf, 2008).

Ses deux premiers collaborateurs, le Père Jacques Jomier et le Père Serge de Beaurecueil, ont été initiés aux études islamiques par le célèbre orientaliste français Louis Massignon, qui leur a inculqué la conviction qu’une compréhension authentique du monde musulman nécessite une empathie initiale.

Jacques Jomier (1914-2008), après avoir achevé sa thèse sur le commentaire coranique de Manar, s’est spécialisé dans l’étude du Coran et de la culture arabe contemporaine. Il a été le premier à introduire le monde occidental à la trilogie de l’écrivain égyptien Naguib Mahfouz. Son livre Pour connaître lislam (Paris, Ed. du Cerf, réédité en 2001) demeure une introduction classique à la culture et à la religion islamiques.

Serge de Beaurecueil (1917-2005) est arrivé au Caire en 1946. Il s’est concentré sur les œuvres du mystique persan Anṣārī, et a contribué à leur édition. Après avoir contribué aux premières années de l’Idéo jusqu’en 1963, il a ensuite occupé un poste de professeur d’histoire de la mystique musulmane à l’Université de Kaboul en Afghanistan. En tant que seul prêtre chrétien dans ce pays majoritairement musulman, il a documenté son expérience extraordinaire dans deux ouvrages exceptionnels : Nous avons partagé le pain et le sel et Mes enfants de Kaboul (Pour plus d’informations, veuillez consulter le livre de Jean-Jacques Pérennès Passion Kaboul, le père Serge de Beaurecueil, Paris, Ed. du Cerf, 2014).

De 1953 à nos jours

L’Idéo est avant tout un centre de recherche axé sur un objet d’étude commun : les textes fondamentaux provenant des dix premiers siècles de l’islam et renvoyant à des domaines spécialisés très divers.

Les membres de l’Idéo apportent leur contribution à des revues scientifiques, notamment au sein de la revue de l’Institut, le MIDÉO (Mélanges de l’Institut dominicain d’études orientales), fondée en 1953 par le Père G.C. Anawati et éditée pour la première fois en 1954. Au fil des années, la revue a été supervisée par des directeurs successifs, dont Georges Anawati, Régis Morelon, Emilio Platti et Emmanuel Pisani, et depuis 2021, par Dennis Halft.

L’institut offre également aux chercheurs un accès à une vaste bibliothèque contenant plus de 300 000 notices et une multitude de revues couvrant diverses disciplines dans le domaine de l’islamologie. Cette collection comprend des documents sur la langue arabe, les études coraniques, l’exégèse, le kalām, le droit islamique et la jurisprudence, l’histoire, la philosophie, le soufisme, les sciences, et bien plus encore. Depuis le 8 novembre 2002, un nouveau bâtiment abrite la bibliothèque qui peut accueillir près de 40 lecteurs.

Outre ses activités académiques et universitaires, l’Idéo participe activement au dialogue interreligieux. Parmi les institutions religieuses du Caire, l’institut entretient des liens étroits avec l’Université Al-Azhar, ce qui a abouti à la signature d’un accord de coopération mutuelle en 2015. De plus, l’Idéo entretient de bonnes relations avec l’Église copte.

Les membres de l’Idéo sont amenés à participer à des colloques académiques et ils organisent des séminaires dans diverses parties du monde. Ils participent aussi volontiers à des conférences ou débats pour un public cultivé.

1953