Alberto Ambrosio, Petite mystique du dialogue, Éditions du Cerf, 2013, 102 p.
Le religieux qui signe ces pages aurait pu, fidèle à une certaine idée de l’humble vocation, rester anonyme, mais c’eût été tricher. Sa dette envers le monde créé déborde les limites d’un cœur qui lui appartient, ô combien. Même s’il peut passer pour un de ces tenants de l’« essai », qui nous procure une clé possible de l’« humaine condition », incomplète par essence, aspirant par nature à se fondre dans autre chose, nul ne lui objectera qu’il a entrepris, en se peignant, un « sot projet ». Mais ne remontons pas au vieux débat académique où Pascal réprimanderait un autre Montaigne. Même le grand janséniste n’avait pas vu la dimension de dialogue (et c’est fort opportunément que le titre ici retient ce mouvement essentiel) qui anime toute profession, étymologiquement, de sa foi. À la rencontre de l’autre en soi, est-il échange plus fondateur ? Bien libre au lecteur de ne pas franchir le dernier degré de cette fusion appelée par toutes les fibres d’un être assoiffé de vrai, il ne suivra pas moins avec passion cette ascension vers un mystère toujours là et dur à dévoiler. Ajoutons que l’espace même du dialogue est tout trouvé : l’auteur vit et travaille à Istanbul, chrétien en milieu musulman, clerc en commerce spirituel avec d’autres clercs, jusqu’au point où les frontières d’un même mouvement fondent la différence et l’abolissent.