Les principes théologiques du dialogue interreligieux

Mgr Jean-Marc Aveline

Évêque auxiliaire de Marseille

Président du Conseil pour les relations interreligieuses des évêques de France

icon-calendar Mercredi 12 Septembre 2018

Le dialogue interreligieux recouvre deux réalités très différentes : il est à la fois ce que les pouvoirs publics voudraient que les religions fassent pour plus de paix sociale et l’attitude des croyants, au nom de leur foi, envers les croyants des autres religions. Réduire le dialogue à la première dimension risque d’anesthésier la capacité critique et prophétique des religions envers ces mêmes pouvoirs publics et, plus fondamentalement, fait courir le risque aux religions de démissionner sur ce point et de s’en remettre uniquement aux pouvoirs publics pour organiser le dialogue entre elles.

L’attitude des chrétiens envers les croyants des autres religions a été profondément façonnée par la relation qu’ils entretiennent envers le judaïsme. Contre toute tentation marcioniste de « purifier » le christianisme des éléments juifs qu’il contient, l’Église catholique reconnaît que son identité propre fait constitutivement référence à l’altérité du judaïsme. Ceci est repris clairement dans la déclaration  Nostra ætate (1965) du concile Vatican II.

Par ailleurs, l’encyclique Ecclesiam suam (1964) de Paul VI proposait une conception renouvelée de la révélation comme « dialogue de salut » (colloquium salutis) entre Dieu et l’humanité. La déclaration Nostra ætate encourage donc les catholiques à chercher tout ce qui est vrai et saint dans les autres religions, dans un dialogue sincère et respectueux avec les autres croyants.

Mgr Aveline a conclu son intervention en présentant deux enjeux théologiques majeurs, pour qui a accepté de se lancer dans cette aventure spirituelle et intellectuelle exigeante. Le premier est de renforcer, avec l’aide de la théologie des chrétiens d’Orient, notre théologie de l’Esprit saint, dont Jean-Paul II disait dans son encyclique Redemptoris missio (1990) qu’il agissait non seulement dans les cœurs des personnes mais aussi dans les sociétés, les cultures et les religions. Le second enjeu est la compréhension de la mission de l’Église comme coopération au travail de l’Esprit saint, qui poursuit ce « dialogue de salut » qu’est la révélation. L’Église doit donc se comprendre non pas comme une ONG ni comme une entreprise visant sa propre croissance, mais comme étant au service de la relation entre Dieu et le monde.

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