Islam… étrange ?

islam étrangeEmilio Platti, Islam… étrange ? Éditions du Cerf, Paris, 2006, 338 pages.

L’islam est, aujourd’hui peut-être plus que jamais, proche et lointain, fascinant et rebutant, exotique et barbare, en bref « étrange ». Cet attribut est d’ailleurs réciproque : l’Occident sécularisé est aussi attrayant pour le musulman qu’il lui semble étrange et dangereux. Dans ce contexte, une approche sereine de la tradition musulmane s’impose. La société moderne est fondamentalement imprégnée d’idées de liberté, d’autonomie. L’islam sous son aspect éthique insiste sur la mesure de notre liberté, l’interrogation qui ne procède pas de notre liberté mais la met au défi, les limites à ne pas franchir, la Loi qui est irréductible ; sous son aspect mystique, l’islam évoque l’abandon, la remise de soi confiante, le sentiment d’être relié à une dimension qui dépasse l’homme, la conscience d’une relativité fondamentale, la soumission… Dans des catégories dont le caractère biblique est incontestable, l’islam met ainsi l’Occident sécularisé au défi de rouvrir le dossier de la relation de la dimension religieuse multiforme au monde autonome. Mais ce même Occident, laïque et chrétien, dévoile aussi la crise du monde musulman traditionnel ou militant pour autant qu’il dénie la consistance des choses et fige l’interrogation éthique dans un code et une culture qui ne peuvent être universels. « Islam… étrange ? » analyse les textes fondateurs, en évitant les écueils de l’apologie ou de la polémique, de telle façon que le lecteur puisse avoir l’idée de la cohésion et de rationalité qui fondent les convictions de millions de musulmans, de sorte que disparaisse l’impression d’étrangeté, et du fait même une source de polarisation dangereuse.

Acheter ce livre sur le site des éditions du Cerf.

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Les plus vieux manuscrits du Coran

Emilio Platti Idéo, Professeur émérite de l’Université catholique de Louvain icon-calendar Mardi 24 janvier 2017 Suite à la découverte de manuscrits extrêmement anciens du Coran, et à la datation au carbone 14 des folios de Birmingham entre 568 et 645 (soit entre 56 avant l’hégire et 25 après), les chercheurs dans leur majorité refusent aujourd’hui les datations tardives des manuscrits coraniques les plus anciens proposées par exemple par John Wansbrough dans son livre intitulé Quranic studies (Oxford University Press, 1977). Patricia Crone et Michael Cook avaient eux aussi suggéré qu’il n’existait aucune indication de l’existence de corans avant la fin du 1er/7e siècle (Hagarism, Cambridge University Press, 1977). Il semblerait aujourd’hui qu’une meilleure datation serait plus proche du milieu du 1er/7e siècle, voire même avant cette date. La découverte à Ṣanʿāʾ en 1972 de très anciens manuscrits coraniques a suscité de nouvelles recherches, et les photographies ultraviolettes qui sont aujourd’hui possibles ont révélé que l’un de ces codex est en réalité un palimpseste, c’est-à-dire qu’il contient un texte plus ancien qui a été effacé et remplacé par un texte plus récent. Une première édition de ce texte effacé a été publiée par Behnam Sadeghi et Mohsen Goudarzi dans Der Islam 87 (2010) sous le titre « Ṣanʿāʾ 1 and the origin of the Qurʾān » et une analyse de ce manuscrit a été publiée entre 2008 et 2014 par Elizabeth Puin sous le titre « Ein früher Koranpalimpsest aus Ṣanʿāʾ ». Une nouvelle édition du texte doit sortir le 28 février 2017 par Asma Hilali chez Oxford University Press sous le titre The Sanaa palimpsest. Malheureusement, ces deux éditions ne contiennent le texte que des 36 folios du manuscrit de Dār al-Maḫṭūṭāt  (Ṣanʿāʾ) et pas les 40 autres folios du même codex qui ont été récemment trouvés à la Maktaba al-Šarqiyya (toujours à Ṣanʿāʾ). Il est intéressant de noter que cette version plus ancienne qui a été effacée semble être, à ce jour, la seule parmi toutes les copies du Coran qui diffère de la version canonique de ʿUṯmān. Après l’unification du texte Coranique par ʿUṯmān, les versions divergentes ont en effet été supprimées et remplacées par le texte canonique. Le palimpseste de Ṣanʿāʾ est une preuve convaincante que différentes versions de l’époque des compagnons du Prophète ont réellement existé, ce qui était bien connu de la tradition musulmane médiévale, représentée entre autres par le Kitāb al-maṣāḥif d’Ibn Abī Dāwūd.

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Le christianisme d’Abraha et le Coran

Emilio Platti Université de Louvain-la-neuve icon-calendar Mercredi 17 février 2016 à 17h00 Le frère Emilio Platti, membre de l’Idéo, nous a présenté les travaux de Christian Robin sur les inscriptions qui se trouvent en Arabie et qui remontent au début du IVᵉ siècle. Par ses travaux, Robin apporte des éléments de réponse archéologiques à une question que se posent les islamologues : comment les auditeurs du Prophète pouvaient-ils comprendre quoi que ce soit aux très nombreuses allusions bibliques que contient le Coran ? La vision traditionnelle tend en effet à présenter les Arabes comme des païens polythéistes n’ayant aucune culture biblique. Lorsque le général éthiopien Abraha prend le pouvoir en Arabie du Sud entre 525 et 530, renversant le vice-roi éthiopien chrétien qui avait été installé par le roi éthiopien venu venger le massacre des chrétiens de Najran en novembre 523, il part à la conquête de l’Arabie, imposant une nouvelle forme de christianisme. Ce faisant, Abraha répète les conquêtes des rois himyarites judaïsants du début du IVᵉ siècle. C’est exactement pendant l’ère d’Abraha que l’on observe un changement dans les inscriptions arabes de la Péninsule, qui passent d’une formule trinitaire (« Au nom de Raḥmān, de son Fils Christos et du Saint-Esprit ») à des formules plus compatibles avec le futur message coranique et qui évoquent « la miséricorde de Raḥmān, de son Messie et de l’Esprit de sainteté ». Ce christianisme probablement judaïsant d’Abraha pourrait constituer un chaînon manquant entre le judéo-christianisme palestinien des premiers siècles et l’islam, dans une terre qui est pétrie d’influences juives et chrétiennes depuis trois siècles, lorsque le Prophète Muḥammad commence sa mission à la Mecque en 610.

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Le chapitre sur le Coran dans la polémique chrétienne d’al-Kindi

Emilio Platti Idéo, professeur émérite à l’Université catholique de Leuven icon-calendar 22 octobre 2013 Datable du début du IXᵉ siècle, sous le règne du calife al-Maʾmūn, la polémique du chrétien al-Kindī, qui examine dans sa deuxième partie la question de l’authenticité du Coran, est une des polémiques médiévales les plus pertinentes, car elle s’appuie sur des textes musulmans authentiques.

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